Tuesday, June 20, 2006

Little flowers crack concrete...(Lille)


Au coeur de Lille, il y a Moulins...

Moulins, c'est le quartier cosmopolite et non commerçant de Lille. La cristallisation de tous les fantasmes, de toutes les peurs, témoin par excellence de la "fracture sociale".

Moulins. Avec ses courées chamarrées, ses tags, ses ferrailleurs, ses chômeurs de longue durée, ses familles africaines en costumes traditionnels,ses éclats d’Italien, ses portes et ses toits retapés avec des planches de cageots ou de palettes, ses hangars désaffectés, ses vélos bardés de chatterton, ses chats errants, ses vieux sur le pas de la porte, ses discussions de fenêtre en fenêtre, ses épiceries tchétchènes, ses gosses qui jouent encore au ballon dans les squares, ses boucheries arabes, ses troquets Joueurs de belote et de billard bienvenus, ses beatniks, son unique supermarché Match aux relents de clochard, ses rues biscornues, ses vendeurs de menthe au marché de Wazemmes, sa Poste avec sonnette, sa racaille tranquille, ses squats, ses terrains vagues, ses maisons murées pleines de végétation et de rideaux déchiquetés par le vent, ses divans éventrés sur le trottoir, ses mystères innombrables derrière les fenêtres gondolées, ses obèses en pantalons fuseaux et talons aiguilles, son bar africain "le Boundou", ses cabines téléphoniques démembrées, ses chaussées défoncées où le pavé reprend ses droits sur le bitume.

Moulins, c'est aussi le quartier qu'a choisi Sciences PO, dans un souci de rapprocher la politique des "vrais gens". Dès la porte de l'Institut franchie, le contraste avec l’extérieur est frappant, presque irréel, absurde. Les étudiants s’affairent, déambulent, parlent présidentielles, délocalisation de l’ENA, crise du pacte républicain, dernier prix Nobel, grandes lignes de partage du monde contemporain et organisation d’une vidéoconférence avec le politologue américain Francis Fukuyama.

Moulins, c'est le sourire édenté d'un gamin ou d'un vieillard, c'est du bruit, des briques, du bric à brac, des bazars et du toc.

Little flowers crack concrete à Lille Moulins, comme dans le New York de Sonic Youth.



[Souvenir de Lille 2004..]

1 comment:

Anonymous said...

J'adore... Tout simplement. Le contraste, les mots, le vocabulaire. Faut vraiment qu'un jour, tu te mettes à écrire en vue d'une publication.