Friday, June 23, 2006

Auprès de mon arbre (Nancy)

C'est beau un arbre, beau comme la joie d'un enfant, comme la simplicité d'une après midi passée à dévaler les champs, beau comme la transgression de l'interdit qui nous menait dans les vestiges de la ligne Maginot. Un arbre ça a la beauté d'Achille, la beauté des puissants qui peuvent être terrassé par la vermine.

Un arbre est libre bien qu'enchainé au sol. Il part tout azimut à la conquête des nuées. C'est la quiétude des sages dans un monde où l'on perdrait sa vie à la gagner, c'est l'immobilisme des fous alors qu'il faudrait courir tête baisser, c'est l'ataraxie des ascètes, le secret de ceux qui se satisfont de peu.

Wednesday, June 21, 2006

La façade qui parle (Rue de Fontenoy- Lille)




Moulins, suite...

Cette façade est sans doute la plus misérable de la ville...mais cette façade est, plus certainement encore, la plus belle et la plus riche.

Paroles et expressions libres d'habitants, sans censure, sans fards, sans jugement, et sans dessus-dessous.

De Philippe ("Ego, parfaite imperfection") à Michel ("Respectez l'art des gens de bonne volonté") en passant par Ludivyne ("Une feuille morte, c'est une feuille tombée d'un arbre, et quand elle tombe elle se dit: je suis contente parce que mes bébés vont s'amuser tout l'été"), Bruno ("La vie est chère maintenant avec l'euro il y a beaucoup de misère"), Véronique ("Bienheureux les fêlés car ils laissent passer la lumière, M. Audiard"),ou Alex ("Ne volez pas les voitures du quartier"), une façade parle... et raconte l'importance d'une véritable liberté d'expression dans une société qui se veut démocratique.

Tuesday, June 20, 2006

Little flowers crack concrete...(Lille)


Au coeur de Lille, il y a Moulins...

Moulins, c'est le quartier cosmopolite et non commerçant de Lille. La cristallisation de tous les fantasmes, de toutes les peurs, témoin par excellence de la "fracture sociale".

Moulins. Avec ses courées chamarrées, ses tags, ses ferrailleurs, ses chômeurs de longue durée, ses familles africaines en costumes traditionnels,ses éclats d’Italien, ses portes et ses toits retapés avec des planches de cageots ou de palettes, ses hangars désaffectés, ses vélos bardés de chatterton, ses chats errants, ses vieux sur le pas de la porte, ses discussions de fenêtre en fenêtre, ses épiceries tchétchènes, ses gosses qui jouent encore au ballon dans les squares, ses boucheries arabes, ses troquets Joueurs de belote et de billard bienvenus, ses beatniks, son unique supermarché Match aux relents de clochard, ses rues biscornues, ses vendeurs de menthe au marché de Wazemmes, sa Poste avec sonnette, sa racaille tranquille, ses squats, ses terrains vagues, ses maisons murées pleines de végétation et de rideaux déchiquetés par le vent, ses divans éventrés sur le trottoir, ses mystères innombrables derrière les fenêtres gondolées, ses obèses en pantalons fuseaux et talons aiguilles, son bar africain "le Boundou", ses cabines téléphoniques démembrées, ses chaussées défoncées où le pavé reprend ses droits sur le bitume.

Moulins, c'est aussi le quartier qu'a choisi Sciences PO, dans un souci de rapprocher la politique des "vrais gens". Dès la porte de l'Institut franchie, le contraste avec l’extérieur est frappant, presque irréel, absurde. Les étudiants s’affairent, déambulent, parlent présidentielles, délocalisation de l’ENA, crise du pacte républicain, dernier prix Nobel, grandes lignes de partage du monde contemporain et organisation d’une vidéoconférence avec le politologue américain Francis Fukuyama.

Moulins, c'est le sourire édenté d'un gamin ou d'un vieillard, c'est du bruit, des briques, du bric à brac, des bazars et du toc.

Little flowers crack concrete à Lille Moulins, comme dans le New York de Sonic Youth.



[Souvenir de Lille 2004..]